Le soleil est pour toi (2015)

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  • Le soleil est pour toiTitre original: I’ll give you the sun (2014)
  • Auteure : Jandy Nelson
  • Traductrice : Nathalie Peronny
  • Éditeur : Gallimard Jeunesse
  • Collection : Scripto
  • Pages : 468
  • Prix remporté : La Printz Medal (2015)
  • Lauréat du Prix des Libraires du Québec 2016 (catégorie Jeunesse Hors Québec, 12-17 ans)

Quatrième de couverture: Noah et Jude sont plus que frère et sœur, ils sont jumeaux, fusionnels. Sous le ciel bleu de Californie, Noah, le solitaire, dessine constamment et tombe amoureux de Brian, le garçon magnétique qui habite à côté. Tandis que Jude, l’exubérante, le casse-cou, est passionnée par la sculpture.

Mais aujourd’hui, ils ont 16 ans et ne se parlent plus. Un évènement dramatique les a anéantis et leurs chemins se sont séparés. Jusqu’à ce que Jude rencontre un beau garçon écorché et insaisissable, ainsi que son mentor, un célèbre sculpteur…
Chacun des deux jumeaux doit retrouver la moitié de vérité qui lui manque.

Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Ce roman n’est pas un simple roman, c’est une œuvre d’art. On ne peut pas le lire comme on lit la majorité des livres. On ressent le besoin de le contempler comme un tableau (ou une sculpture, si vous préférez), extrêmement réussi.

En général, je lis assez rapidement et j’ai une idée bien précise sur ce que je lis. Mais cette fois-ci, j’avoue, j’ai pris mon temps pour la lecture et j’ai du laisser mes réflexions se concrétiser et se calmer. Car chaque passage est rempli d’une telle force que l’on ne peut pas continuer la lecture avant d’avoir compris et intégré le message qu’il comporte. Le don de Jandy Nelson d’aller droit vers le cœur et l’âme du lecteur est indéniable (comme on a déjà pu le remarquer dans son roman Le ciel est partout, 2010). Et tout ça, avec tant de délicatesse, de sensibilité et de naturel !

Devant nos yeux, la vie des deux jumeaux-adolescents. Noah est un garçon talentueux et introverti, qui trouve le sens de son existence dans les dessins et qui perçoit le monde et son entourage à travers la peinture. Jude est sa sœur pétillante, audacieuse et sensible, qui respire la vivacité et le dynamisme et qui s’exprime par ses sculptures. Ensemble, ils forment une entité inséparable, « NoahetJude », qui les sauve dans les moments difficiles et qui leur procure un sentiment de bonheur, connu d’eux-seuls. Sauf, qu’un jour, leur monde va s’écraser, et ils devront affronter toutes les conséquences d’un évènement tragique, du mensonge, de la culpabilité, de la jalousie… Mais ils vont également apprendre à apprécier tous les bienfaits du pardon, de la réconciliation, du partage, de l’amour… Car tout cela, c’est la vie, et souvent, pour vivre et pour grandir, il faut du courage, surtout « beaucoup de courage pour être honnête envers soi-même et envers son cœur ».

J’ai beaucoup aimé la manière dont l’auteur nous raconte l’histoire, en alternant le point de vue de Noah, 13 ans, pour les évènements passés, et celui de Jude, 16 ans, pour les évènements actuels (trois ans plus tard). C’est cette structure qui va refléter, peu à peu, le changement dans la vie des jumeaux et dans leurs relations, qui va jusqu’à leur éloignement et l’inversion de leurs personnalités. Les titres que l’auteure attribue au récit de chacun (« Le Musée invisible » pour Noah et « L’Histoire de la chance » pour Jude) sont très pertinents car ils représentent avec justesse les personnages principaux et leurs expériences vécues.

Le récit est doté d’une force particulière, tant sur le plan émotionnel et relationnel que sur le plan intellectuel et artistique.  Les mots sont très bien choisis, les réflexions sont justes, les descriptions de l’état psychologique des personnages sont réalistes et authentiques. L’auteure n’a pas peur de dévoiler toute une gamme de sentiments et d’émotions que vivent les adolescents au moment d’affronter diverses situations difficiles (la séparation des parents, la jalousie et la compétition entre frère et sœur, la perte d’un être proche, l’orientation sexuelle, les préjugés, etc.). Les personnages, même secondaires, sont bien élaborés et très attachants, malgré leurs imperfections et erreurs.

Je voudrais souligner ici le travail exceptionnel de la traductrice qui a su nous transmettre toute la beauté et la puissance du roman. C’est aussi grâce à elle que nous avons pu tant apprécier cette histoire !

Jandy Nelson a peint son livre comme un tableau : tantôt avec des couleurs sombres pour les motifs tragiques et lourds, tantôt avec des couleurs claires pour les thèmes heureux et joyeux, avec des touches humoristiques et drôles, par ci- par là. Et le résultat est époustouflant : une explosion de couleurs, de lumière, d’émotions, de larmes et de joie qui nous affirme avec conviction que, malgré tout, la vie est belle, que ça vaut la peine de la vivre pleinement en étant soi-même et de refaire le monde, si on en ressent le besoin !

Un livre remarquable et original, une histoire inoubliable et révélatrice, qui nous habite longtemps après avoir fermé la dernière page. Pour tous les adolescents (et ceux qui l’ont été), à lire et à réfléchir comment apprécier chaque instant de la vie.

 Mon extrait préféré

 Je jette des coups d’œil furtifs autour de moi. Je sens la présence de maman dans la pièce. Oui, c’est ce qu’elle aurait voulu, j’en suis sûre. Elle savait que nous détenions chacun une partie de la vérité qui devait éclater. Elle tenait à me faire savoir qu’elle avait vu mes sculptures, et ça, seul Guillermo pouvait me le dire. Elle tenait à ce que papa et Guillermo entendent la vérité de la bouche de Noah. Elle voulait que j’avoue à Noah pour son dossier d’inscription, et je n’aurais sans doute jamais trouvé le courage de le faire si je n’étais pas venue chez Guillermo soulever un marteau et un burin. Elle voulait qu’on entre dans la vie de Guillermo, et qu’il entre dans la nôtre, parce que chacun de nous était une clé ouvrant une porte indispensable aux autres et qui, sinon, serait restée à jamais verrouillée.

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Lecture individuelle
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Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.


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