Libres d’être (2016)

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  • Auteurs : Cathy Ytak et Thomas Scotto
  • Illustrateur : Thomas Scotto
  • Éditeur : Du Pourquoi Pas ?
  • Pages : 64

Quatrième de couverture : Vous êtes nées filles. A aucun moment de votre toute première seconde, je n’ai imaginé que ça pouvait être autre chose qu’une conviction d’égalité… Deux textes en résonance: De fibres entremêlées de Thomas Scotto et Paris 1909, et si ma maison brûle de Cathy Ytak

Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ?

 Louise Michel (1830-1905) « Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. » Mémoires de Louise Michel/Chapitre IX, p. 103, F. Roy, libraire-éditeur, 1886 

AUJOURD’HUI…

Aujourd’hui, tu couvres le monde avec un nouveau regard. Celui de père, celui d’homme dans son intégralité. Tu regardes tes enfants, tes filles, grandir, changer, s’épanouir, devenir autonomes… Tu observes ces jeunes pousses de liberté, plantées doucement, patiemment, consciencieusement dans leur cœur et leur esprit. Tu les observes avec fierté mais pas sans inquiétude : auront-elles assez de force pour grandir, pour s’affirmer, pour fleurir, pour donner des fruits ? Ton assurance se voile d’incertitude, l’incertitude s’habille de colère, une colère qui ne peut pas être contenue, qui ne veut pas être contenue. Car elle veut se faire une place, elle veut se faire entendre dans cette société gravement malade, agonisante à cause de ses nombreuses blessures d’injustices, de violences, d’humiliations, de souffrances subies (toujours) par les Femmes. Parce ce qu’elles sont juste des fillettes, justes des jeunes filles, juste des femmes. Tandis que tout le pouvoir appartient aux mâles. « Alors c’est la rage ». Contre l’oppression qui ne cesse pas, contre l’indifférence qui ne perturbe plus, contre la lâcheté qui ne permet pas de lutter, de crier, d’interpeller au nom de l’ÉGALITÉ. La même rage qui a guidé la lutte de bien des femmes depuis des siècles. Les mêmes pousses de liberté, puissantes et fragiles.

Olympe de Gouges (1748-1793) « (…) la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune » (art. X, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne).

HIER…

Hier, c’était la même rage. La rage d’une femme méprisée juste à cause du fait qu’elle se montre dehors « sans foulard ni chapeau sur la tête ». La rage d’une femme révoltée d’être constamment soumise aux hommes, dépendante des hommes, au service des hommes, à la volonté des hommes… La rage d’une femme qui refuse d’avoir « les yeux baissés » car elle n’a plus peur que l’on y voit cette rage. Et elle n’est pas seule, cette femme. Elles sont des dizaines, des centaines, des milliers, ces femmes qui osent se rebeller, réfléchir, douter, comparer, analyser, agir. Ces femmes qui posent des bonnes questions même si elles ne trouvent pas de réponses, qui hésitent mais qui ne renoncent pas à se battre. Ces femmes courageuses et intelligentes qui rêvent d’un avenir nommé ÉGALITÉ. Ces femmes qui sont prêtes à voir leur maison brûler avec l’espoir que cet incendie va réunir les hommes et les femmes venus de différents horizons et de diverses classes sociales. Les hommes et les femmes qui travailleront ensemble, main dans la main, malgré tout ce qui les sépare pour sauver la maison, pour sauver les livres capturés par les flammes, pour construire une « gigantesque bibliothèque humaine » où chacune et chacun sera libre. Un rêve ? Oui, un rêve qui peut devenir réalité. Qui sera réalité demain, si tous ensemble, nous devenons porteuses et porteurs de cet héritage d’hier, et choisissons d’agir aujourd’hui au nom de l’ÉGALITÉ.

Louise Weiss (1893-1983) « S’il fallait libérer les femmes d’un lourd passé de préjugés et réviser les lois, il fallait aussi et surtout les affranchir d’elles-mêmes. » (« Combats pour les femmes », Mémoires d’une Européenne, tome 3, 1934-1939, p.27, Albin Michel, 1980).

DEMAIN…

Demain se nourrit d’hier rempli de rêves, d’audace et d’efforts impressionnants de toutes ces femmes, célèbres et moins connues, qui se sont battues pour changer le monde qui tourne selon les règles établies par les hommes. Demain se nourrit aussi d’aujourd’hui rempli de grands et de petits actes quotidiens accomplis par les femmes que nous côtoyons dans notre vie tous les jours, de leurs petits gestes, de leurs paroles qui souvent, l’air de rien, bousculent les choses dans leurs fondations en montrant le chemin vers l’ÉGALITÉ. Ainsi que la beauté de la LIBERTÉ. Et c’est la raison pour laquelle je crois en ces jeunes pousses de liberté, en leur avenir, en votre avenir les filles, toutes les filles sans exception. Les filles fières d’être elles-mêmes, fières de dire au monde entier « Je suis une fillette, je suis une jeune fille, je suis une Femme ». Sans peur ni dédain d’ailleurs car nous tous, femmes et hommes, sommes dignes de respect et de confiance. Nous sommes égaux, « de fibres entremêlées, des milliards, nous sommes une feuille de Terre qui hurle à la légèreté ». Et c’est une seule vérité sacrée qui n’a pas besoin de preuves ni de justifications.

Angela Davis (1944-) “To understand how any society functions you must understand the relationship between the men and the women”.

« Libres d’être ». Tout est dit par cette phrase qui résume parfaitement le message de ce petit livre contenant deux textes intercalés, alternés, poétiques, interprétés en écho par deux virtuoses Cathy Ytak et Thomas Scotto. Deux textes d’une grande justesse, d’une grande sincérité, d’une grande perspicacité, d’une grande force, d’une grande profondeur. Deux textes engagés, vibrants d’émotion, portés par les mots mûrs, ciselés, exquis, choisis avec soin et finesse. Avec tendresse aussi, pour nous, les filles d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Deux textes qui racontent, qui partagent, qui questionnent, qui étonnent, qui expliquent… Qui lancent un défi, qui font tomber les masques, qui appellent les choses par leur nom, qui redonnent l’espoir, qui revendiquent sans compromis la LIBERTÉ, l’ÉGALITÉ et la LAÏCITÉ. Un vrai concerto pour mots et réflexions qui en trois mouvements et en une seule respiration, offre une musique puissante et mémorable qui sonne encore dans l’air et dans notre esprit après avoir tourné la dernière page.

Un ouvrage inspiré et précieux, appuyé par les beaux collages symboliques de Thomas Scotto, publié par la formidable maison d’édition Du Pourquoi Pas. A mettre entre toutes les mains, jeunes et moins jeunes, filles et garçons, femmes et hommes, pour ne pas oublier les vérités fondamentales.

Eva Perón (1919-1952) «Este siglo no pasará a la historia con el nombre de «siglo de la desintegración atómica» sino con otro nombre mucho más significativo: «Siglo del feminismo victorioso».( «Discurso del 15 de junio de 1947 en Madrid». PJ Bonaerense.)

[« Le présent siècle ne passera pas dans l’Histoire sous le nom de siècle de la désintégration atomique, mais avec un autre nom beaucoup plus significatif : siècle du féminisme victorieux. »]

Références pour les citations utilisées dans la chronique :

https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_de_Louise_Michel/Chapitre_IX http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k426138/f13.item.zoom http://womenshistory.about.com/od/angeladavis/a/angela_davis.htm http://web.archive.org/web/20081103093532/http://www.pjbonaerense.org.ar/peronismo/eva_obrapolitica.htm https://fr.wikipedia.org/wiki/Eva_Per%C3%B3n#Droit_de_vote_des_femmes http://www.terrafemina.com/article/10-incroyables-pionnieres-qui-ont-lutte-pour-les-droits-des-femmes_a305832/1

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Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.


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