La petite fille qui a perdu sa langue (2016)

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  • Auteur : Dominique Sampiero
  • Illustrateur : Bruno Liance
  • Éditeur : Gallimard Jeunesse
  • Collection : Giboulées

Quatrième de couverture : Il était une fois une petite fille qui avait perdu sa langue… À la recherche d’une explication, Chloé parcourt son quartier et interroge les habitants avec des messages écrits sur le dos de sa main.  Peut-elle acheter une langue chez Aziz, l’épicier? Un cheveu sur la langue l’empêche-t-il de parler? A-t-elle donné sa langue au Vieux Matou de la rue Jonas? Le docteur Caro, lui, pense plutôt qu’elle l’a mise dans sa poche, car elle a quelque chose de très important à dire…

Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Chloé est une petite fille ordinaire, comme tous les enfants de son âge. Seulement, elle ne parle plus. Elle ne sait pas comment ni pourquoi cela lui est arrivé. Un jour, elle a tout simplement perdu sa langue. Mais où ? Elle n’en a aucune idée. Rien à faire, il faut en acheter une autre car la langue, c’est bien utile dans la vie de tous les jours. Déterminée, Chloé se rend dans un magasin du coin et présente sa demande écrite sur le dos de sa main à Aziz, l’épicier. Celui-ci, ne pouvant pas l’aider, l’envoie aussitôt voir le chat, le Vieux Matou de la rue Jonas. Chloé est gênée : est-il possible qu’elle ait donné sa langue au chat sans s’en rendre compte ? Mais le Vieux Matou ne peut rien pour elle non plus. Amusé, il l’envoie à son tour chez Toni, le coiffeur, car seul celui-ci sera capable de la débarrasser d’un cheveu qui pousse probablement sur sa langue. Pourtant, l’aventure de Chloé ne se finit pas dans l’appartement du coiffeur. Suivant son conseil, elle va voir le docteur Caro, celui qui aide les enfants à sortir leur langue de leur poche. Hélas, cette visite ne donne aucun résultat, et Chloé, désespérée, rentre chez elle pour retrouver sa maman. Une maman triste et abandonnée, mais une maman pleine d’amour aussi. Et l’amour est capable des plus grands miracles…

Combien de petites filles ou de petits garçons se retrouvent un jour dans la même situation que Chloé ? Combien parmi eux arrêtent soudainement de parler sans raison apparente ? Combien parmi eux font des tours et des tours longs, interminables, solitaires, fastidieux de leurs quartiers, de leurs écoles, de leurs maisons, de leurs parents, de leurs sentiments, de leur cœur ?.. Car ces douleurs inexprimées, ces questions inarticulées, ces solitudes avalées, ces incompréhensions étouffées, ces larmes coincées font mal, très mal, jusqu’à la perte de la joie, jusqu’au vide dans la poitrine, jusqu’au mutisme déchirant l’amour. Enfin, combien parmi eux retrouvent leur sourire et leur parole comme la petite fille de notre histoire ?..

Ce sont les questions que le lecteur se pose en refermant cet album au ton juste et au sujet pertinent, le fruit de la dernière collaboration entre Dominique Sampiero et Bruno Liance. Le récit prend la forme d’un conte en décrivant le parcours méthodique de Chloé d’une rencontre à l’autre dans le but de retrouver sa langue. L’originalité du texte se révèle nettement dans l’utilisation abondante d’expressions autour du mot « langue » en lien direct avec le sujet de l’histoire. Les jeux lexicaux se marient harmonieusement avec les intonations humoristiques et le style extrêmement délicat, une prouesse de la part de l’auteur.

Les illustrations de Bruno Liance viennent soutenir et enrichir le récit avec une beauté et une profondeur exceptionnelles. Noir et blanc, vaporeux, douillets, riches, en contact avec les touches de bleu-vert, de rose-rouge ou de jaune-orange, les dessins prennent vie sous nos yeux émerveillés pour se transformer en scènes remplies, tour à tour, de tristesse, de révolte, de désespoir, de détermination, de compassion, de tendresse. Des lumières, des ombres, des expressions, des mouvements et des milliers de détails discrets mais suggestifs — l’ambiance révélée est à couper le souffle !

Un magnifique album, d’une finesse et d’une sensibilité singulières, qui saura parler à ceux et à celles qui aiment les mots et qui gardent leur cœur ouvert. Un plaisir à partager !

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Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.


2 thoughts on “La petite fille qui a perdu sa langue (2016)

  1. Merci Merci Merci infiniment à ce chroniqueur… Oui, il faut regarder aussi le court métrage intitulé Chasse Royale et primé au César pour comprendre à quel point, dans certaines familles dont la souffrance est trop grande, se parler doucement et dire « je t’aime » est devenu impossible… et quasiment de l’ordre du miracle. Cette histoire a été inventée avec des enfants en difficulté scolaire et je suis heureux qu’elle commence peu à peu à toucher le coeur de lecteurs… J’aimerais remercier de vive voix la personne qui a rédigé cet article délicat… Bonne journée de partage… Dominique Sampiero

    • Merci beaucoup pour votre retour qui m’a beaucoup touché. Je suis heureuse d’avoir pu partager ce beau livre avec mes lecteurs car, aujourd’hui plus que jamais, on a besoin de tels albums. Belle journée à vous, Andrea

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